Un dictionnaire Zola ; les personnages des romans Rougon-Macquart d’Emile Zola ; livre électronique
La joie de vivre.
Pauline Quenu (Le Ventre de Paris), devenu orphelin, fut envoyé vivre chez des proches dans un village de la côte normande. C’était un rivage morne et inhospitalier, et ses habitants vivaient leur vie terne et sans espoir dans la peur morbide d’une mort inévitable. Les Chanteau, tuteurs de Pauline, profitèrent d’elle de toutes les manières, et Lazare Chanteau, son cousin, dont elle tomba amoureuse, tira d’elle de grosses sommes d’argent pour exécuter des projets insensés qu’il imagina. Le personnage de Pauline est une belle conception ; bassement lésée et traitée avec une ingratitude sans cœur, ses espoirs brisés et son cœur brisé, elle trouva une consolation dans le renoncement complet à elle-même pour ceux qui l’avaient si gravement blessée.
« Le titre choisi par M. Zola pour ce livre », dit M. EA Vizetelly dans sa préface à la traduction anglaise (La joie de vivre. Londres : Chatto & Windus), « doit être pris dans un sens ironique ou sarcastique. Il n’y a aucune joie dans la vie des personnages qu’il y incarne. L’histoire du héros est celle d’une faiblesse mentale, empoisonnée par une peur de la mort sans cesse récurrente ; tandis que celle de son père est une souffrance physique intense, mêlée à un désir ardent de continuer à vivre, même au prix d’une torture encore plus grande. Encore une fois, l’histoire de l’héroïne est celle d’affections brisées, la destruction de tout ce qui aurait pu rendre sa vie digne d’être vécue.
L’Assommoir.
Terrible étude des effets de la boisson sur la condition morale et sociale de la classe ouvrière parisienne. Il n’y a probablement aucune autre œuvre de fiction dans laquelle les effets de l’intempérance sont montrés avec un tel réalisme sinistre et une force sans compromis.
Gervaise Macquart, fille d’Antoine Macquart (La Fortune des Rougon), ayant accompagné son amant Lantier à Paris, emmenant avec elle leurs deux enfants, fut abandonnée par lui quelques semaines après leur arrivée dans la ville. Elle obtint un emploi dans la blanchisserie de Mme Fauconnier et épousa quelques mois plus tard Coupeau, un zingueur qui, bien que fils de parents ivrognes, était lui-même régulier et industrieux. Pendant un moment, tout a prospéré chez les Coupeau ; grâce à un travail acharné, ils ont pu économiser un peu d’argent et, avec le temps, une fille (Nana) leur est née. Puis un accident survenu à Coupeau, qui tomba du toit d’une maison, amena un changement. Son rétablissement a été lent et l’a laissé avec une réticence à travailler et une tendance à passer son temps dans les dram-shops voisins. Entre-temps, Gervaise, avec de l’argent emprunté à Goujet, un homme qui l’aimait d’une affection presque idyllique, avait ouvert sa propre blanchisserie. Elle réussit un temps, malgré l’intempérance croissante de son mari et un désir croissant en elle-même d’aisance et de bien vivre; mais la détérioration avait commencé, et avec la réapparition de Lantier, son ancien amant, elle devint rapide. Coupeau était à cette époque un confirmé